Mongolie : à la recherche du loup des rivières, le plus gros salmonidé du monde

Juillet 2017 – Province du Khovsgol

Aux confins de la Mongolie, au nord du pays, dans la Province du Khovsgol, j’ai découvert deux rivières mythiques : la Tengis, une rivière de montagne, et une rivière de plaine, la Shishgid (autrement appelée Shishkhid ou Shiskhed). C’est dans ces contrées, très riches en lacs, que certains mongols des ethnies Bouriates et Tsaatans ont choisi de continuer de vivre suivant leur tradition ancestrale : l’élevage du renne, la cueillette et la chasse. D’autres se sont regroupés dans de petites maisons de bois afin de créer des villages vivant du commerce frontalier avec la Russie.

Tout pêcheur est un véritable explorateur ici, avec une possibilité de tomber sur une surprise à chaque lancer. Le voyageur qui se rend en Mongolie revient enthousiasmé par les paysages, mais aussi et surtout par le mode de vie et les valeurs véhiculées par ces peuples très fiers. A proximité du lac Khovsgol, un tissu de rivières toutes plus belles les unes que les autres se croisent dans ce territoire de taïga imprégné de l’esprit shamans des tsaatans, ethnie originelle du grand nord de la Mongolie qui a su préserver les merveilles de son patrimoine naturel et culturel. Ceux qui y ont goûté ne rêvent que d’une chose : y retourner. Loin de toute civilisation, il s’agit d’un des rares endroits où vous aurez la chance de pêcher des rivières encore intactes : une occasion unique d’attraper truites et Taïmens dans un décor absolument idyllique, loin des lieux touristiques.

La grande rivière Shishgid (entre 30 et 80 mètres de large) s’engouffre dans un immense canyon après sa sortie du lac Blanc. La rivière Tengis est très rapide mais plus petite. Il est possible de pêcher en amont du lodge des spots très retirés où la pêche sur certains secteurs n’a jamais été pratiquée. Les promenades à cheval ouvrent cette possibilité, car ils permettent d’accéder à des lieux très reculés et donc peu, voir pas pêchés. La population de gros ombres y est impressionnante, dans des tailles comprises entre 500 g et 1 kg. Les truites sont moins nombreuses, mais la taille moyenne est impressionnante (entre 60 et 80 cm pour la plupart). De gros taïmens colonisent ces lieux depuis des siècles. Des poissons d’1,50 mètre y ont été capturés pesant une trentaine de kilos.

Le Taimen, nom donné au Huchon de Mongolie, peut atteindre des tailles record. Ce poisson est un prédateur féroce surnommé par les Mongols « le loup de la rivière ».Il peut s’attaquer aux chiens de prairies, aux canetons, aux écureuils qui traverseraient la rivière. Il se nourrit également d’insectes. Un poisson de 80 cm est déjà une belle prise, mais certains poissons dépassent la barre mythique des 1m20. Il existe en Mongolie des spécimens d’1m50 dont l’âge est estimé à plus de 50 ans. Fort heureusement, la Mongolie a pris conscience de l’atout majeur que lui apporte sa richesse piscicole. Le ministère de l’environnement de Mongolie a adopté un système qui encourage la préservation du Taimen, poisson roi de la Mongolie.

Le 1er jour de notre périple débute, comme souvent, à l’aéroport Roissy-CDG pour un vol à destination d’Ulan Bator, capitale de la Mongolie. De là, un avion privé nous transporte à Bor Tolgoi (2h30 de vol), puis nous emprunterons des véhicules (le groupe sera réparti dans un 4×4 et dans un van de l’ère soviétique) pour traverser les paysages de taïga et les forêts de conifères afin de rejoindre le camp pour nous y installer. Les jours suivants seront consacrés à la pêche et à la détente. Le lodge dispose de deux bateaux en aluminium et de deux zodiacs équipés de moteurs de 30 ch. La pêche se pratique à la mouche, au toc ou aux leurres.

La pêche du Taïmen constitue un véritable challenge, particulièrement excitant, pour le pêcheur. Imaginez-vous entrain de « caster » une imitation de souris, l’animer en surface et voir une gerbe d’eau éclabousser lors de l’attaque du poisson ! Montée d’adrénaline garantie ! Après plusieurs minutes d’un combat intense, une tête colossale surgit de l’eau et vous apercevez une bande rose si caractéristique. Le « Tuul » (taimen en Mongol) sera sans doute le plus grand poisson que vous prendrez sur une mouche sèche en eau douce. Ce magnifique prédateur s’attaque aux grosses mouches, généralement brillantes. La pêche aux lancer donne les meilleurs résultats pour prospecter de grandes surfaces et déclencher des attaques sur des leurres d’une dizaine de centimètres. Grâce à une stricte politique de no-kill, tous ces magnifiques poissons sont relâchés sains et saufs à la rivière où ils continueront à terroriser encore longtemps les rongeurs et les populations locales de poissons.

Les rivières mongoles sont également peuplées d’ombres communs et de truites Lenok, réputées pour être la plus ancienne espèce de truites dans le monde. Les Lenoks mesurent entre 35 et 80 cm et les ombres peuvent atteindre le kilogramme. Dans le secteur du Khovsgol, les ombres sont parmi les plus gros au monde. La plupart des pêcheurs qui partent en Mongolie ne pensent qu’à la pêche du Taïmen et ont tendance à oublier la pêche de ces magnifiques truites. Mais les pêcheurs intéressés par la pêche en mouche sèche, ou en nymphe ou avec des petits streamers raffoleront de cette pêche sportive où on peut en une même journée prendre une trentaine de truites d’1 kilo de moyenne. Les ombres sont bien représentés, se déplaçant en bancs dans différents courants des rivières. Ils sont très agréables à pêcher. La densité de poissons est incroyable également.

Le matériel classique à saumon ou grosses truites convient : canne 2,5 à 3 mètres et moulinet tambour fixe garni de nylon de 35/100ème ou tresse de 20/100. Les bons leurres sont les poissons nageurs dans des couleurs plutôt foncées avec une profondeur de nage d’1 mètre à 1,3 mètres. Les grosses cuillères ondulantes et les poppers peuvent également convenir à condition qu’ils soient assez gros pour intéresser de gros Taïmens. Pour la pêche de la Truite ou de l’Ombre, les petites cuillères argentées conviennent à merveille. Les leurres devront être équipés d’hameçons simples, sans ardillons. Pour remplacer vos triples, adaptez la largeur de l’hameçon simple afin de la faire correspondre à celle du corps du leurre.

Je rêvais de rivières cristallines, de paysages vierges et d’une déconnexion totale de notre monde occidental. Les atouts de ce séjour consistait à vivre une pêche de truite et d’ombre comme on n’en trouve nulle part ailleurs et de relever le challenge de la prise d’un gigantesque Taïmen dans les plus belles rivières du Nord-Ouest mongol. Ce sont deux incroyables spécimens que je suis parvenu à capturer durant ce séjour : 1m17 sur un gros swimbait DAM en plein lit de la rivière et 1m19 sur une grosse cuillère ondulante lancée au milieu de la rivière derrière de gros rochers.