Malaisie : Mama Toman en pleine jungle tropicale
Lac Temengorr – Octobre 2014
En octobre 2014, je reçois une invitation pour aller traquer lors d’une expédition de pêche unique le poisson à tête de serpent dans la jungle malaisienne. Je ferais partie d’un groupe de pêcheurs chevronnés de différentes nationalités (USA, France, Belgique, Pays-Bas, Grande-Bretagne) et rompus à la pêche du Snakehead.
Tout l’intérêt de pêcher dans le parc naturel de Royal Belum, nécessitant une autorisation spéciale des autorités malaisiennes, réside dans l’importante population de Giant Snakehead peuplant ce lieu (sans égal en Asie du Sud-Est) et la variété des espèces de Snakehead présentes dans ce lac de Temengorr. Certaines sont par ailleurs endémiques. La plus recherchée est le Giant Snakehead, dont quelques témoignages de guides locaux font état de poissons accusant entre 10 et 20 kilos. Tout simplement hallucinant ! Apercevoir une Mama Toman avec de magnifiques reflets colorés, exacerbés par la lumière du soleil, s’approcher du bateau et entrer dans l’épuisette, est le jour de moment que l’on revit dans ses rêves pendant de nombreuses années.
Pour affronter les gros Snakehead, je privilégie deux cannes, une pour le leurre et une pour le vif. J’utilise pour la pêche aux leurres de la tresse de 40 lb qui supporte bien l’abrasion dans les arbres immergés. Pour le vif, un moulinet taille 4000 garni de tresse de 50 lb est idéal.
Les meilleurs leurres pour la pêche du Snakehead sont les Rapala Floating Magnum 11 FT (discontinued), Rapala Jointed JT13, Rapala X-Rap 10, Lucky Craft Pointer SP 78 et 100. Les imitations de grenouilles dans les coloris firetiger et tête rouge/corps blanc sont parfaites pour prospecter les berges en powerfishing.
La tactique employée consiste à peigner le plus de terrain possible. Les zones encombrées sont multiples, la végétation dense à certains endroits. Des spots parfaits pour dénicher des poissons qui viendront attaquer votre leurre par agressivité, pour défendre leur territoire ou bien se nourrir. Il est nécessaire d’être attentif aux rares montées lorsque les têtes de serpent viennent respirer en surface avant de replonger immédiatement.
Les boules d’alevins trahissent souvent la présence des parents, qui défendront leur progéniture avec fureur. En cas de location d’un « baby fry » ou luk krok en thaï, il suffit de lancer un petit poisson-chat en guise de vif, esché sur un hameçon renforcé monté sur un bas de ligne en acier. A peine le vif a touché la surface de l’eau, l’attaque généralement brutale intervient au bout de quelques secondes. Vous risquez de laisser échapper la canne tant la décharge est soudaine et violente.
Le lac et la nature environnante sont incroyables. Les bruits de la jungle rendent l’expérience unique. L’observation de la faune et de la flore vous fait parfois oublier ce pour quoi vous êtes venus jusqu’ici (la pêche!).
Comment ne pas devenir addict lorsque vous avez traqué et combattu un si beau poisson ! Le dernier jour de notre trip, nous arrivons après une dizaine de minutes de navigation sur une zone intéressante avec une forêt d’arbres immergée. A peine le moteur thermique arrêté, nous approchons la zone quand soudain mon binôme et moi-même apercevons une boule d’alevins. Mon compagnon de route raccordait à ce moment-là un bas de ligne à sa tresse et me laissa le champs libre pour tenter ma chance. Sans attendre, je lance ma seule canne de prête, à savoir celle eschée d’un vif. D’un coup, je vois la canne se plier brusquement et ferre immédiatement. Le combat, épique, me restera en mémoire à jamais. Une fois ramené au bateau, j’exulte de joie quand je réalise que ce Toman aux couleurs magnifiques est LA prise du séjour. C’est l’un de mes plus beaux coups de ligne, une capture dont rêvent de nombreux specimen hunter d’Asie et d’ailleurs.