Brésil : le règne de la prédation au paradis des fantastiques poissons de l’Amazonie

Novembre 2012 – Rio Sucunduri

Le Brésil est le plus grand État d’Amérique latine et le cinquième plus grand de la planète, après la Russie, le Canada, les États-Unis et la Chine. Avec près de 8,5 millions de km2, ce pays couvre près de la moitié de la superficie de l’Amérique du Sud. Le pays compte plus de 200 millions d’habitants, une population se caractérisant par une importante diversité ethnique et culturelle. Grand comme quinze fois la France, le Brésil possède avec le bassin amazonien le réseau hydrographique le plus vaste et le plus riche du monde. Avec plus de 7 000 kilomètres, l’Amazone est le plus long fleuve du monde avec le Nil et le plus grand par l’immensité de son bassin vers lequel convergent des milliers de rivières pour former, au milieu d’une forêt équatoriale dense, un enchevêtrement de chenaux, lacs, lagunes et une multitude d’îles et de bras fluviaux.

Parmi les centaines d’espèces de poissons tropicaux vivant dans cet immense domaine aquatique et forestier, se trouve le Peacock bass, réputé pour sa puissance et sa combativité. Appelé Tucunaré par les locaux, il s’agit d’un poisson magnifique, très coloré avec une superbe robe jaune ponctuée d’ocelles sur les flancs et la caudale rappelant la queue d’un paon d’où le nom donné en espagnol : Pavon. Spectaculaire par ses sauts hors de l’eau, le Peacock bass est l’un des meilleurs poissons de sport d’eau douce.

En novembre 2012, c’est à une véritable expédition de pêche en forêt amazonienne que j’ai vécue pour aller traquer les « Tucunarés » (ou Peacock Bass) des rios Sucunduri et Acari. Nous aurons la chance de bénéficier des services du célèbre pêcheur Rubens de Almeida Prado alias Rubinho, vu de nombreuses fois sur la chaîne SEASONS.

Au départ de l’aéroport Roissy-CDG, nous prenons un avion de la compagnie TAM à destination de Sao Paulo. Un second avion de la compagnie brésilienne nous mènera à Manaus. C’est dans la capitale amazonienne que nous passerons la nuit à l’hôtel TROPICAL. Tôt le lendemain matin, nous nous présentons dans un petit aéroport à l’embarquement d’un avion pour Novo Aripuana, notre point de départ pour remonter vers le Sucunduri en pêchant le Acari. Après une trentaine d’heures de voyage (3 avions et 1h30 de route jusqu’au point d’embarquement), nous embarquons enfin par équipe de deux sur un bateau de pêche (6 mètres en aluminium avec moteur 25 CV et moteur électrique) accompagnés d’un guide local connaissant parfaitement les lieux et la pêche des Peacock Bass. Nous remontons jusqu’au camp de base où nous passerons nos nuits en tentes individuelles en plein milieu de la forêt amazonienne, à 200 kilomètres du premier village.

Nous pêcherons à 2 par bateau les 5 prochains jours sur différents spots aux leurres de surface ou juste sous la surface (stickbaits, poissons à hélices, jerkbaits) et aussi à la mouche en utilisant de gros streamers. Il est possible de capturer entre 20 et 50 « Tucunarés » par jour et la plupart des pêcheurs capturent au moins un trophée de 7 à 9 kilos durant le séjour. Les attaques sont souvent très violentes et les combats intenses qui mettent le matériel à rude épreuve. Une expérience à vivre absolument pour tous les amoureux des pêches aux leurres.

De nombreuses autres espèces carnassières sont présentes dans ces eaux : Pirarara (jusqu’à 50 kilos) ,Piraïba (jusqu’à 60 kilos et plus), Caparari ,Traïra, Cachara ,Piranhas, Matrinxa. Si la pêche est incroyable, que dire du cadre grandiose de la forêt amazonienne ici encore vierge et riche en faune et en flore : Aras, Tapirs, Toucans, Colibris, Ocelots, Caïmans, Anacondas, Jaguars ,Singes, Loutres géantes, Orchidées, Arbres majestueux, etc.

Cet endroit, au contraire des zones au nord du rio Negro, ne subit pas de pression de pêche que quelques semaines durant l’année et les guides, qui habitent au bord du Sucunduri et du Acari, connaissent ce terrain de jeu par cœur. Ils le protègent et préservent les richesses incroyables de ce cours d’eau pour que ceux qui viennent y pêcher puissent bénéficier d’une nature encore intacte et généreuse.

Le matériel ne devra pas être négligé : pour le Peacok Bass, il faut prévoir une canne casting ou spinning entre 1m90 et 2m40 d’une puissance de 15-40 grammes, un moulinet garni de tresse 30 à 50 lb. Un bas de ligne en fluorocarbone de 50 à 70 centièmes composés d’émerillons barils et à agrafes très résistants et de bonne qualité. L’emploi d’anneaux brisés et d’hameçons renforcés est obligatoire (hameçon triple OWNER ST66 n°1, 2 et 1/0, TRIPLE MER VMC O’SHAUGNESSY n°2/0 et 3/0 ou VMC FISH FIGHTER n°1, 2) sur des leurres de surface type Sammy, Super Spook (12 à 15 cm), à hélices type Amazon Ripper, Woodchopper (max 20 cm). D’autres leurres donnent de bons résultats, comme les poissons nageurs type Bee Freeze, Mag Squad (12 à 14 cm), les cuillères ondulantes de 15 à 30 gr pour pêcher les courants et les Jigs en plume ou en poils de 10 à 25 gr. Pour ces derniers, les meilleures couleurs sont le jaune, le doré, le bleu, le gris naturel, le firetiger, le perroquet et le duo blanc/rouge.

Pour les poissons-chats, une canne puissante (30lb) à soutenir ou silure de 2m à 2m60 est nécessaire, avec un moulinet muni d’un très bon frein en taille 10000 et garni de tresse 65 à 80 lb ou de mono filament de 50 à 60 centièmes. Un bas de ligne en nylon 100 à 120 centièmes ou en acier gaîné de 90 lbs est de rigueur, avec émerillons barils adaptés (175 lbs), hameçons simples renforcés taille 10/0 plombé avec une olive de 80 grammes. J’utilisais pour ma part une tresse Stealth Moss green de SpiderWire en 40°/°° d’une résistance de 59kg. Il s’agit d’une tresse robuste qui glisse silencieusement et efficacement dans les anneaux.

En cette période, le climat est chaud et humide (entre 30 et 40° avec de rares pluies orageuses). Sur un plan logistique, rares sont les lieux qui présentent autant de difficultés et d’obstacles à l’organisation d’un voyage de pêche que la jungle amazonienne. Les variations des niveaux d’eau, de la teneur en oxygène, de la clarté, de la température ou du débit ont une incidence sur le comportement du Peacock bass. Afin de réussir son voyage, une bonne organisation et un opérateur expérimenté sont indispensables. Nous aurons également la chance d’effectuer durant ce séjour un bivouac sur un poste avancé en pleine forêt amazonienne, une expérience unique à vivre. J’espère sincèrement que vous pourrez partager un jour ce moment unique dans la vie d’un pêcheur. Nous aurons pêché tout au long de notre trip de nombreuses lagunes fermées, nous rapportant souvent de très beaux poissons. Au 8e jour, nous pêchons en redescendant l’Acari, avant d’arriver en fin d’après midi à Novo Aripuana. Le lendemain, nous repartîmes de bon matin vers Manaus puis vers la France.

Février 2017 – Rio Negro et ses affluents

Ce séjour de 9 jours (6 jours de pêche) fût une nouvelle occasion de partir à la recherche des plus gros sujets de l’espèce le « Chicla Temensis » pouvant dépasser les 12 kilos. Le voyage se déroule à bord d’un confortable bateau hôtel disposant de cabines doubles et d’un grand salon intérieur avec bar et terrasse. Avec un faible tirant d’eau de moins de 80 cm permettant de passer dans les zones de bancs de sable pour remonter sur les têtes de bassins où la pêche est la meilleure, ce mode de navigation permet de sillonner les eaux du rio Negro et ses affluents. Des rios réputés comme étant les tous meilleurs d’Amazonie tels que Caures, Cuiuni, Jufari, Araca ou encore Paduari selon les meilleures conditions de pêche du moment.

Chaque pêcheur peut capturer entre 10 et 30 Peacocks par jour et la plupart des pêcheurs capturent un trophée de plus de 7 kilos durant le séjour. D’autres espèces sont aussi bien représentées dans ces différentes rivières : le Peacock Bass Butterfly (Borboletta) et le Monoculus (Popo), les Arawanas, les poissons chats (Pirarara, Piraïba, Cachara, Caparari), le Traïra, les Piranhas ou le Matrinxa.

Comme souvent, le voyage pour arriver sur les premiers postes de pêche sera long : au départ de Roissy-CDG, je m’envole pour l’aéroport Guarulhos International de São Paulo puis j’enchaînerais sur un second à destination de l’aéroport Eduardo Gomes de Manaus. Nous prendrons ensuite place dans un hôtel jusqu’au lendemain. Nous en profiterons tout de même pour nous rendre dans un grand centre commercial où se trouve le magasin de pêche le mieux achalandé de la capitale amazonienne. Très tôt le matin du second jour, nous partons pour l’aéroport domestique et prenons un vol pour Barcelos. Depuis ce dernier aéroport, nous serons transférés vers le port pour embarquer sur le bateau mère. Nous remontons le rio Negro le temps du déjeuner, puis après quelques heures de navigation, les premiers spots se présentent à nous. Enfin vient le moment tant attendu : celui où vous faites le choix du premier leurre, où vous exécutez les premiers réglages de votre moulinet, où vous lancez et réalisez vos premières animations…

Les cinq jours suivants seront consacrés à la traque des gros peacocks, sur des spots différents au fur et à mesure du déplacement du bateau. Chaque jour, des escales différentes offrent la possibilité de découvrir de nouveaux terrains de jeu, de prospecter plusieurs rivières pour trouver des conditions de pêche optimales. Le niveau d’eau est particulièrement élevé en cette fin de saison sèche et ne permet pas de pêcher dans des conditions satisfaisantes. C’est pourquoi nous remontons toujours plus haut, à la recherche de conditions permettant de pêcher avec nos leurres de surface et subsurface et de trouver les poissons emprisonnés dans d’immenses lagunes. A bord d’une embarcation de 6m50 en aluminium, motorisée à 25 ch avec moteur électrique, les guides recherchent les meilleures zones. Le midi, le repas à base de poisson grillé est confectionné sur les lieux de pêche pendant la sieste réparatrice dans les hamacs prévus à cet effet.

La pêche sera extrêmement difficile en ce début de mois de février. Nous pensions que venir à cette période nous permettrait de trouver des eaux basses, de petites lagunes avec peu d’eau. Au contraire, les forêts étaient en partie submergées et les peacocks s’y réfugiaient volontiers pour nous échapper. Face aux multiples refus de ces derniers, malgré le déploiement d’une panoplie de leurres conséquentes (à hélices, stickbaits à billes bruiteuses, poppers, etc.), je ne parviendrais qu’à prendre une dizaine de poissons, dont quelques sujets de 3 ou 4 kilos. Les leurres les plus attractifs furent les Bucktail jigs et le célèbre Biruta. Au posé, un joli poisson-chat d’Amazonie à queue rouge d’une vingtaine de kilos se laissera séduire le quatrième jour par un tronçon de Traïrao.

Mes meilleurs souvenirs de ce séjour resteront cette soirée organisée sur une plage avec grillades et viandes brésiliennes à volonté (Luau) et cette soirée de Superbowl visionnée avec des pêcheurs américains, qui m’ont fait vivre cette finale du championnat de Football US avec la même ferveur que celle que nous pouvons vivre en Europe lors de la finale de ligue des champions…